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Et si les ports s’opposaient à la location à quai ?

Pour Vincent Berthelot, adjoint municipal chargé du port de Lyvet, les propriétaires de bateaux destinés à la location à quai prennent la place de ceux qui veulent naviguer.

Cet été, la tranquillité du petit port de Lyvet, à La Vicomté-sur-Rance (Côtes-d’Armor), a été chamboulée par l’arrivée de nouveaux plaisanciers. « Ça a commencé il y a trois ans, avec un ou deux bateaux, se souvient Vincent Berthelot, adjoint municipal chargé du port. Mais ça a augmenté rapidement, cet été, il y en avait une dizaine…»

Des hébergements insolites

Ces nouveaux usagers ne viennent pas pour profiter des plaisirs de la navigation sur la Rance, mais pour passer une nuit à bord d’un bateau qui reste à quai. Ce type d’offres se multiplie sur les plateformes comme Airbnb ou Homelidays. « Pour une nuit rare et insolite, en amoureux ou entre amis » ou « pour profiter d’une ambiance maritime au port de Lyvet », promettent les annonces.
À cette saison, comptez 40 € pour deux personnes à bord d’un petit voilier de 5,50 m, et 100 € pour profiter d’une vedette de 11 m, pouvant accueillir six locataires. « Le code des sanitaires de la capitainerie sera fourni à votre arrivée afin de profiter de toutes les commodités. » Et c’est là que ça coince.
« On a eu jusqu’à une heure et demie d’attente pour les douches, souffle Vincent Berthelot. Les plaisanciers se sont plaints du bruit et de la saleté. » La commune vient d’interdire la pratique, en prenant un arrêté municipal le 9 octobre, s’appuyant sur le Code des collectivités territoriales. En cas d’infraction, les loueurs risquent une amende, et même l’expulsion. « On espère que les locations cesseront avant d’en arriver là. »

Qui paye la facture ?

Jean-Claude Deimer possède un bateau au port depuis sa création. Cet été, il a aperçu une dame qui accueillait les locataires. La majorité des personnes se comportent correctement, mais les bateaux sont branchés sur le réseau d’eau et électricité du port. « Qui paye la facture ? »
Quelques kilomètres plus au nord, le port de Plouër-sur-Rance « n’est pas concerné pour le moment, assure le maire, Serge Simon. Nous allons préciser le règlement du port pour nous en prémunir. Il y a neuf ans d’attente pour obtenir une place. C’est pour les gens qui souhaitent naviguer, pas pour faire de l’hôtellerie. »
Même constat à Dinan, où un cas a été repéré cet été. La Ville lui a rapidement demandé de cesser cette activité, estimant qu’« il est hors de question qu’un particulier se fasse de l’argent sur le domaine public ».
De son côté, Airbnb France assure qu’« il s’agit d’un phénomène mineur » puisque sur les 600 000 hébergements proposés par la plateforme en France, seuls 178 concernent des bateaux.
L’entreprise rappelle qu’elle reverse aux communes la taxe de séjour mais rejette toute responsabilité dans l’utilisation commerciale qui est faite des infrastructures portuaires. « Il appartient aux hôtes de se conformer aux règles en usage là où ils louent. »

source Ouest-France